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L'illusion du « faux bon lecteur »

Les difficultés que peut rencontrer un enfant qui semble très bien lire, mais...

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Bonjour et bienvenue dans ce premier podcast consacré à un piège dans lequel nous, les parents, les adultes qui entourons les enfants pouvons tomber facilement si nous n'y prenons pas garde.

Ce piège, c'est ce que j'appelle « L'illusion du faux bon lecteur ».

Le scénario se produit généralement avec des enfants plutôt jeunes, quatre, cinq ou six ans, à l'âge auquel un enfant découvre et apprend à maîtriser la lecture.

Voici ce qui se passe.

Son enseignant ou ses parents lui demandent de lire à voix haute un passage de l'un de ses livres. Et l'enfant, tout fier, prend le livre et lit tout haut, avec une belle voix, en marquant le rythme, les pauses, les inflexions du ton de la voix, en articulant...

Bref, sa lecture est parfaite. Et donc l'enfant est super fier de lui, il lit très bien et la réaction de ses parents et des autres adultes autour de lui lui montre bien sa réussite.

Et cette fierté est tout à fait compréhensible, surtout si l'enfant se compare à ses camarades de classe, voire même aux adultes qui lui lisent. Alors on va féliciter l'enfant, lui dire qu'il est champion, qu'il a appris à très bien lire et que c'est super !

Heureusement, pour beaucoup d'enfants comme lui, des enfants qui sont à l'aise pour lire à haute voix, c'est effectivement un grand succès qui mérite les félicitations. Tout simplement parce que l'enfant comprend effectivement ce qu'il a lu. L'enfant se fait une image mentale, un film de ce que le livre raconte et peut parfaitement raconter l'histoire qu'il vient de lire.

Cet enfant là est donc pour le coup un « vrai bon lecteur ».

Par contre, il arrive, dans heureusement de très rares cas, que l'enfant qui fait cette lecture fluide et claire, ne se fasse pas de film mental, qu'il n'ait pas de représentation dans sa tête de ce que raconte l'histoire.

Ce qu'il fait en réalité, c'est transformer le texte écrit, la suite de lettres regroupées en mots, en une suite de sons. Imaginez, c'est ce que, avec un peu d'habitude, vous pourriez obtenir comme résultat en lisant un texte en langue étrangère, du moins dans une langue qui vous est assez familière pour associer lettres et sons.

L'enfant a compris le mécanisme du déchiffrage phonologique, il a compris comment associer les lettres pour en faire des sons. Et il est même tellement intelligent qu'il connaît les subtilités du français qui font par exemple que le « g » de « garage » ne se prononce pas les deux fois de la même manière. Et vous savez bien que le français fourmille de petites anomalies comme celle-ci, des exceptions.

Ce n'est heureusement pas fréquent, mais croyez-en mon expérience, cela arrive. Et quand cela arrive, c'est à mon sens une situation très délicate. Tout simplement parce que l'enfant est félicité pour une action qu'il ne fait pas bien. En effet, il ne lit pas, il oralise. Et oraliser, ce n'est pas lire. C'est à dire qu'il transforme les suites de lettres en suite de sons.

Mais ce n'est pas lire. Car « lire », c'est transformer les suites de lettres en suite d'idées, en suite d'images et / ou d'expériences, en un film, en un vécu, en une représentation mentale.

Et l'enfant dans cette situation se prépare à de fortes désillusions, à des difficultés qui lui tombent dessus d'un seul coup, sans prévenir.

Parce que bientôt, il faudra non seulement qu'il arrive à lire à haute voix, mais aussi qu'il arrive à comprendre. Comprendre ses leçons, ses devoirs, comprendre les énoncés des problèmes de maths, d'histoire, de géographie. Bref, qu'il arrive à lire.

« Lis bien la consigne », « Fais attention à ce que tu lis » etc. Et là, c'est la catastrophe. D'un seul coup, ce qu'il faisait très bien jusqu'à hier se transforme en cauchemar. Il ne sais plus lire, et son univers peut s'écrouler, sans parler de sa confiance en lui et son estime de soi.

Alors, ne faisons pas de catastrophisme non plus. L'écueil est facilement détectable et évitable.

Pour le détecter, pour vérifier si l'enfant lit bien, c'est à dire si il comprend bien ce qu'il lit, qu'il s'en fait une image, il vous suffit de lui demander ce qu'il a compris.

Et attention, il y a un autre piège. Ne lui demandez pas s'il a compris : « est-ce que tu as compris ? ». C'est une question piège. N'importe quel enfant vous répondra « oui », d'autant plus s'il a des difficultés à lire. Même avec sa petite expérience, il a déjà constaté que c'était plus simple de répondre « oui » quand on lui demande s'il a compris que de répondre « non ».

Demandez-lui simplement « qu'as-tu compris ? » ou encore « raconte-moi ce que tu as dans la tête », ou « raconte-moi cette histoire ». Vous le mettez alors dans une posture active de raconter de lui-même.

Et là, vous avez deux possibilités. Soit l'enfant vous raconte l'histoire, qu'il est capable de revivre ce qu'il a lu, et vous savez alors qu'il lit réellement. Et tout va bien.

Soit il n'y arrive pas, il n'est pas capable de vous retourner l'histoire, et dans ce cas, vous ne tomberez pas dans le piège du « faux bon lecteur ». Tout simplement parce que vous avez détecté qu'il y a un problème, qu'il manque quelque chose pour que l'enfant lise effectivement.

Alors la dernière question qui reste est de savoir que faire avec un enfant qui oralise bien mais ne comprend pas. Et c'est également très simple, parce qu'il a déjà une maîtrise une très grande partie des compétences nécessaires à la lecture.

Il vous suffit simplement de lui faire comprendre que derrière une suite de mots, derrière une phrase, se trouvent des images, un film. L'une des manières les plus simple est que vous-même lui racontiez ce que vous avez mis en image de cette histoire, ce que vous avez dans votre propre imagination. Et c'est bien plus simple qu'il n'y paraît...

Bien évidemment, raconté ici en quelques minutes, je ne peux pas couvrir toutes les petites difficultés, tous les petits blocages qui risquent d'arriver. C'est l'une des raisons pour lesquelles le programme d'aide aux parents en difficultés scolaires existe. Ce programme s'appelle « Pourquoi Tyrannosaure mais pas Si ? ». Il se déroule en six sessions hebdomadaires de deux heures afin de vous donner, à vous parents, les outils et les réflexes nécessaires pour aider efficacement votre enfant.

Donc, soyez alertes, demandez à votre enfant de vous raconter l'histoire qu'il vient de lire. Après tout, ce n'est qu'un juste retour des choses, non ? Après toutes les histoires que vous lui avez déjà raconté...

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