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Le code de la route

Pour certains jeunes adultes, passer le code de la route peut tourner au cauchemar. Pourquoi et comment faire autrement ?

Écouter le podcast :

On me pose souvent la question du permis de conduire et surtout de l'apprentissage du code de la route pour des jeunes adultes qui font de la dyslexie. Et très souvent également, je vois passer cette même question dans diverses pages internet et divers blogues.

Aussi, j'ai voulu faire ce nouveau podcast sur le sujet du code de la route et du permis de conduire lorsque l'on fait de la dyslexie.

Il y a quelques années de cela, j'avais reçu en stage de correction de la dyslexie un jeune adulte de 19 ou 20 ans, appelons-le Eric pour conserver son anonymat.

Eric était venu en stage pour comprendre comment fonctionnait son cerveau et pour apprendre comment faire pour réussir à lire plus facilement. Au cours des discussions préliminaires avec lui, j'avais appris qu'il avait déjà tenté quatre ou cinq fois de passer son code de la route mais avait toujours échoué. Et pas échoué de justesse, mais échoué avec de très nombreuses fautes, bien plus que les cinq fautes maximum autorisées pour décrocher le code. Aussi, il était pas mal désespéré et pensait ne jamais pouvoir y arriver.

Ce n'est pas une grande surprise qu'il ait eu tant de problèmes parce que, comme dans n'importe quel texte qui dépasse le niveau de complexité d'un roman, le code de la route est truffé d'une multitude de mots spécifiques qui ont chacun un sens très précis. Et ce sens échappant la plupart du temps à mon stagiaire Eric, il finissait par répondre au hasard aux questions, et donc par faire plein de fautes par non compréhension de la question.

Nous avons donc décidé, ou plus exactement il m'a demandé, d'orienter son stage de correction de la dyslexie vers le code de la route. Ce qui est fort possible puisque les exercices de lecture et de maîtrise des mots que nous devions faire pouvaient très bien avoir le code de la route comme support.

Nous avons donc commencé le stage par les outils de base, comme dans n'importe quel stage de correction. En effet, un certain nombre d'outils sont indispensables pour arriver à lire et comprendre facilement, et ceci, indépendamment du sujet que l'on désire lire. Puis, après qu'Eric ait appris à maîtriser ces outils sur des mots usuels et des textes plutôt faciles, nous avons abordé le sujet qui lui tenait à cœur : le code de la route.

Et je me souviens encore comme si c'était hier d'un modelage qu'il avait fait sur le mot, ou plutôt l'expression "terre-plein central". Il avait fait une bosse de pâte à modeler, mis les chaussées de part et d'autre, fabriqué quelques voitures histoire d'illustrer les voies de circulation. Et ce modelage a été une révélation pour lui, il avait enfin compris comment il avait pu se tromper de nombreuses fois en passant ses épreuves du code. L'expression prenait enfin réalité.

Nous avons également créé des modelages pour mettre en image 3D des règles de circulation et de priorité. L'idée était de créer une image réelle et surtout qu'il puisse se créer sa propre image mentale pour représenter les nombreuses phrases qui fourmillent dans le code de la route comme "Si la voie sans issue est faite de bitume ou d'asphalte et ne chevauche pas le trottoir, alors elle suit les règles habituelles des intersections." Voilà le genre de phrase qui, si l'on rate un mot, fait très facilement tourner la tête de l'apprenti conducteur. Et pourtant, une fois mise en image, cette phrase devient très claire.

Comme mon stagiaire Eric était en cours de stage de correction de la dyslexie, nous avions vu ensemble les différents outils nécessaires pour l'aider à lire et comprendre les textes plus facilement. Et ces outils sont justement conçus pour qu'un penseur en image, un penseur en 3D, puisse aisément se faire une représentation mentale des mots et des phrases d'un texte. Et plus les mots ou les phrases sont abstraits, plus les outils Davis sont puissants et efficaces. Donc, avec mon stagiaire, nous avons commencé à créer en pâte à modeler diverses situations issues du code de la route, et qui ne sont en fin de compte que des illustrations en 3D du texte écrit dans le code.

Certains d'entre vous me diront "oui, mais dans les manuels d'apprentissage du code, il y a aussi beaucoup d'images, et ces images devraient aider des penseurs en image." Je suis d'accord. Les images des livres de code "devraient aider" les penseurs en image. Alors pourquoi ça ne les aide au final pas tant que ça ?

Il y a plusieurs réponses qui viennent s'ajouter les unes aux autres.

Tout d'abord, ces images ont été créées par une tierce personne, par l'illustrateur du livret, mais pas par l'apprenti conducteur. Et malgré tout le soin qu'a pu prendre ce dessinateur, c'est lui qui a pensé l'image, qui l'a organisé pour que les éléments clés, les trottoirs, les feux, les panneaux, les diverses voitures soient aux bons endroits pour illustrer une règle précise. C'est l'illustrateur qui est le créateur de l'image, pas le lecteur qui, lui, est spectateur. Et comme cet apprenti conducteur en question a des problèmes de dyslexie, il tente de se raccrocher à l'image pour éviter de devoir analyser, comprendre, décortiquer le texte qui explique l'image.

Et, quand à la deuxième raison vous l'aurez compris, la deuxième raison est justement que les textes sont difficiles voire un cauchemar à lire pour des personnes comme mon stagiaire.

Bref, certains mots sont difficiles à comprendre donc les explications font peu ou pas de sens du tout. Donc l'apprenti conducteur se rabat sur les images qui, sans explications, ne sont que des cartes postales peu utiles. Ce qui engendre une confusion chez le lecteur et par conséquent plus de difficultés encore pour tenter de comprendre le code. On tourne en rond, on tourne en rond, on tourne en rond.

Alors comment faire quand on tourne en rond ainsi pour casser la boucle ? C'est en théorie simple même si ça demande du travail, des outils adaptés et le génie d'un homme qui a su comprendre et maîtriser toute cette boucle pour lui-même : Ron Davis.

La première chose que nous proposons en stage, tout comme dans la formation pour les parents d'enfants en difficultés scolaires, c'est de revenir à l'instant présent et à la conscience de notre environnement. Et bien sûr à la conscience du livre et des phrases qui sont juste devant nous. Pour une raison très simple, c'est qu'en étant "ailleurs", en étant dans son monde imaginaire ou perdu dans ses pensées (nous appelons cet état être désorienté) il n'est bien évidemment pas possible de lire et comprendre quoi que ce soit. C'est donc une première compétence à acquérir.

Et cela ne suffit pas. En effet, comme je l'ai mentionné au début de ce podcast, dans tous les domaines qui ne sont pas des romans, il y a des mots spécifiques qui correspondent justement à ce domaine. Le code de la route ne fait évidemment pas exception, et nous pouvons rencontrer au fil des pages des mots comme "priorité", "chaussée", "signalisation", "agglomération", "accotement" et encore bien d'autres. Et un seul mot mal compris ou pas compris peut faire perdre un point, sans compte que de ne pas comprendre une règle de circulation peut causer un accident plus tard... Et autant de mots pas maîtrisés, autant de points qui s'envolent. Et l'apprenti conducteur n'a le droit que d'en perdre cinq sur quarante, ce qui fait très peu en jouant au hasard !

Alors, tous ces mots, il va falloir leur accrocher une signification dans le monde réel, un sens qui fait que l'apprenti conducteur pourra immédiatement et sans efforts reconnaître le mot, comprendre la situation dans laquelle ce mot existe et prendre la bonne décision en connaissance de cause. Cette technique d'accrocher une signification à un mot s'apprend facilement et fait bien évidemment partie intégrante des stages de correction de la dyslexie ainsi que du programme d'aide aux parents en difficultés scolaires, programme qui se nomme "Pourquoi Tyrannosaure mais pas Si ?"

Ajoutez encore quelques techniques complémentaires et vous aurez un panorama rapide de ce qu'il est possible de faire pour passer le code de la route dans de bonnes conditions. Et j'ajoute seulement que ces techniques sont simples et efficaces et que chacun peut les maîtriser en étant convenablement accompagné.

Le résultat de tout ça pour notre connaissance Eric qui avait passé plusieurs fois son code sans arriver à un quelconque résultat. Il est bien certain qu'Eric a dû après le stage travailler seul avec mon assistance au besoin pour terminer ce que nous avions commencé. Ce n'est pas en une semaine que l'on peut maîtriser tout le code, bien sûr. Et après quelques mois, il s'est présenté à nouveau et a eu un résultat fort honorable qui lui a permis de continuer son apprentissage. Et mieux que ça, j'ai la certitude qu'en ayant fait tout ce travail par lui-même, il a acquit une très bonne connaissance du code et une connaissance qui dure dans le temps, une connaissance qui n'est pas éphémère comme celle que l'on peut avoir en récitant encore et encore sa leçon.

Alors si vous voulez passer le code ou si vous connaissez un jeune adulte de votre entourage qui peine à passer le code parce que les mots ne font pas assez d'images dans sa tête, vous savez comment procéder. Sachez que c'est possible, il faut juste utiliser des outils efficaces afin de maîtriser le sujet et pas seulement l'apprendre par cœur. À bientôt sur la route, peut-être...

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