Retrouvez le plaisir d'aider votre enfant pour ses devoirs

Enseigner le plaisir de lire

Le plaisir de la lecture s'enseigne très tôt, certaines manière de présenter la lecture au très jeune enfant fonctionnent mieux que d'autres

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Je vais m’intéresser aujourd’hui presque exclusivement aux parents de tout jeunes enfants, les enfants qui en sont au tout début de leur apprentissage de la lecture. Et la raison de ce podcast est qu’il me semble que bon nombre d’enfants qui arrivent en fin de primaire sans parler des plus âgés, ont au moins un désintérêt voire une aversion de la part de certains pour la lecture.

Or, la lecture, c’est comme un muscle. Il faut apprendre à l’utiliser, il faut le développer et il faut l’entretenir. Et tout ceci pour la lecture se passe dans les toutes premières années de la vie, et ça commence même avant l’école.

Des études ont été faites sur la corrélation entre les facilités de lecture de l’enfant et ses réussites scolaires. Et le résultat est sans appel. Plus un enfant est à l’aise pour lire, et meilleures seront ses résultats scolaires. Et je ne parle pas ici uniquement de la lecture des leçons et des devoirs, mais seulement de la lecture pour le plaisir.

Mais comment développer la lecture pour le plaisir ? Comment des parents de jeunes enfants peuvent-ils donner à leur enfant à la fois des habitudes bien ancrées et la facilité de lecture ?

Tout d’abord, les experts de la lecture considèrent de manière quasi unanime que lire très tôt est une excellente idée. Non pas que l’enfant lise, bien évidemment, mais que l’adulte, le parent, les grands frères et sœurs lisent au tout petit. Et on estime même que c’est très bénéfique dès que l’enfant a quelques mois. En fait, certains disent carrément dès la naissance. Personnellement je ne suis pas absolument convaincu de lire un livre à un tout jeune nourrisson, mais il me paraît indéniable que de lui parler est absolument indispensable et même vital. De là à lui lire un livre…

La bonne nouvelle est que quasiment tous les enfants aiment bien qu’on leur raconte des histoires et qu’on leur lise des histoires. Vous savez bien, l’histoire du soir avant d’aller au lit.

Non seulement c’est un bon moment de connexion entre le parent et l’enfant, mais c’est également un moment de détente et de retour au calme pour l’enfant, et c’est aussi l’occasion pour l’enfant de découvrir que les histoires, on peut les trouver dans les livres. Quelques conseils pour lire à votre enfant le soir : D’abord, lisez bien le texte, j’entends les mots précis tels qu’ils sont écrits sur les pages. Certains parents racontent l’histoire en changeant les mots écrits en d’autres. C’est bien sûr possible à condition de bien différencier les moments de lecture et les moments de commentaires que vous pourriez faire. Sinon, comment l’enfant peut-il comprendre que les drôles de formes qu’il voit sur le livre, ces assemblages de lettres mystérieuses, représentent toujours le même son et la même idée. Si le son change quand on « lit » le même mot, ce n’est que confusion pour l’enfant.

Quand l’enfant grandit et commence à aller à l’école, il va découvrir ce que veulent dire les lettres et les mots comment décoder ce qui est écrit. Et petit à petit il va acquérir la capacité de lire par lui-même. Disons tout de suite que certains risquent de ne pas arriver à faire le décodage phonologique. C’est pourtant sur ce principe qu’a été créé notre alphabet et que beaucoup d’apprentissages de la lecture sont logiquement organisés, mais pourtant certains enfants y sont réfractaires. Pour un enfant qui aurait du mal avec le décodage phonologique, pas de soucis. Ron Davis a développé dans les années 80 une méthode qui permet de s’affranchir de l’apprentissage de ce décodage et donne à l’enfant le moyen d’arriver à lire sans avoir à passer par toutes les règles d’assemblage des graphèmes en phonèmes puis en mot puis en idée. Et j’en parle dans d’autres podcasts.

Et quand l’enfant commence à lire, il est très tentant de le laisser faire, ce qui est très bien, mais aussi à le pousser à faire le plus possible par lui-même. Or, à ce niveau, l’enfant n’est pas encore expert en lecture, forcément, il est en cours d’apprentissage et la lecture reste encore fatigante et lente. Et si le parent commet l’erreur de dire, ou de faire sentir, à son enfant que « ça y est, tu es grand et tu sais lire tout seul, je ne lis plus avec toi », l’enfant sera devant une difficulté potentiellement insurmontable et risque de se décourager. L’ennemi numéro UN du plaisir c’est l’échec. Il y a une grande différence entre devoir et pouvoir. À ce stade, l’enfant PEUT lire tout seul, mais ça ne devrait pas dire qu’il DOIT lire tout seul.

Et la lecture du soir reste toujours un moment de partage et d’échange. Ça pourrait très bien être une lecture partagée « je lis une phrase et tu lis une phrase, et si tu n’as pas envie ou que tu ne sais pas, c’est moi qui lit ». Ainsi, pas de contrainte, pas d’obligation, pas de risque d’échec et l’enfant peut à la fois s’exercer quand c’est bon pour lui, et se reposer et écouter le reste du temps. Que du bonheur !

Sachez que selon beaucoup d’experts que je rejoins ici, il suffit de 2 % de mots mal compris ou pas compris pour que le texte, la lecture devienne impossible. Deux pourcent, c’est très vite fait.

Aussi, cette lecture partagée, c’est également le bon moment, après avoir lu la ou les phrases du texte (telles qu’elles sont écrites) de commenter l’histoire et de discuter du sens du texte avec l’enfant : « mais pourquoi le lapin dit-il merci à la grenouille ? ». En posant ces questions, le parent aider l’enfant à comprendre le texte, mais également renforce chez l’enfant l’idée que derrière les mots de la lecture, il y a une histoire et quelque chose à comprendre. Comme dit la pub « c’est facile, c’est pas cher, et ça rapporte gros »

Et d’autant plus que cette lecture partagée, ou bien sous la forme d’une lecture côte à côte pour les plus grands, avec chacun son livre ou son magazine, n’est pas considérée comme une punition comme pourrait l’être perçue par l’enfant quand il lit seul dans son coin. 

Alors, ce n’est pas non plus le marathon de la lecture. Un quart d’heure pour les plus petits, une demi-heure pour les plus grands est suffisant pour ancrer l’habitude de la lecture, et par cette habitude plus d’aisance en lecture.

Quelques petits conseils ou au moins petites astuces pour terminer. Dès tout petit, vous pouvez parfaitement organiser une petite bibliothèque dans la chambre de l’enfant, bibliothèque dans laquelle il pourra y mettre ses livres préférés, les livres qu’il voudrait que vous lui lisiez le soir. C’est un excellent moyen de le motiver à vous demander de lire et qu’il découvre le plaisir de lire avec ses parents.

Vous pouvez également lui proposer, au moins quand il devient assez grand, qu’il commence le chapitre et c’est vous qui le terminez. Quand mes enfants étaient jeunes, je leur disais qu’ils pouvaient s’installer sur leur lit, que je rangeais la cuisine et que j’arrivais très vite. Il était alors très rare qu’ils n’aient pas commencé à lire d’eux-mêmes quelques mots ou quelques phrases. Mais bien sûr, c’est moi qui continuait. En tout cas jusqu’au moment où ils avaient tellement progressé qu’ils s’étaient mis à lire tout seuls, sans même en avoir eu vraiment conscience.

Un petit anti-conseil, c’est à dire une chose à éviter à tout prix. Si vous donnez une carotte comme « si tu lis un quart d’heure, tu pourra faire quelques jeux sur la tablette », vous risquez le pire. D’abord, c’est une forme de chantage, reconnaissons-le. Puis vous associez indirectement la lecture à une forme de de douleur, de punition, de chose qui fait souffrir avant d’accéder au plaisir de la tablette. Et soyons clair, ça n’arrange pas les choses. Si vous voulez que votre enfant lise et y prenne plaisir, associez la lecture au plaisir et pas à une obligation.

Dernière piste, la plupart des enfants, dès 7 ou 8 ans sont capables de comprendre et d’apprécier des livre plutôt volumineux, comme Harry Potter par exemple. Mais ils sont encore incapables de lire autant de page, ou en tout cas ils risquent d’être découragés par le pavé qu’est le livre. En lisant le livre avec eux, pour eux, vous leur faites un cadeau d’une immense valeur : le plaisir de lire.

Allez, je vous laisse, je vais ouvrir mon livre maintenant. À bientôt

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