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Double peine

Un enfant qui a des difficultés scolaires ou fait de la dyslexie souffre deux fois. Changeons de point de vue pour l'aider...

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Comme thème aujourd'hui, j'ai choisi la « double peine ».

Je voudrais vous partager aujourd’hui un cri du cœur et vous proposer de voir sous un autre jour, de comprendre autrement les difficultés scolaires, la dyslexie et les autres troubles de l'apprentissage.

Notez bien que mon objectif, dans ce podcast, n'est pas de faire du misérabilisme ni de juger qui que ce soit. Je veux simplement tenter de suggérer une autre manière de percevoir certaines situations, que ce soit à l'école ou à la maison.

Pourquoi "double peine" ? Parce que des enfants qui ont des difficultés scolaires, qui font de la dyslexie ou qui éprouvent d'une manière ou d'une autre des difficultés d'apprentissage souffrent deux fois pour la même cause.

La première souffrance est intérieure. Elle est pour l'estime de soi, pour la valeur que l'enfant qui éprouve ces difficultés se donne à lui-même.

L'enfant voit bien qu'il est différent. Il perçoit très rapidement que ses copains, ses copines arrivent à faire, plus ou moins facilement, des apprentissages qui se révèlent très difficiles pour lui ou pour elle, voire impossibles.

Et parfois, son entourage, tout bienveillant et attentionné qu'il soit, lui renforce involontairement sa propre idée qu'il est nul, pas à la hauteur et qu'il n'y arrivera jamais. Comment ça ? Simplement avec des tentatives d'encouragement "vas-y c'est très simple, tu verras". Je ne dis pas de ne pas utiliser ce genre d'encouragement. C'est très utile quand l'enfant découvre une nouvelle chose et qu'il a un peu d'appréhension de se lancer. Mais un enfant qui échoue à un apprentissage, et qui échoue encore et encore de nombreuses fois, cet enfant a déjà imprimé, incarné qu'il n'y arrive pas, et chaque répétition de plus lui démontre que c'est facile... mais pour les autres.

La deuxième souffrance vient de l'extérieur. Elle vient du regard des autres sur l'enfant, regard qui est malheureusement souvent porteur de message pas très sympathique.

Ou alors le message est tellement sympathique qu'il en devient perturbateur pour l'enfant. Je vous fais grâce des exemples, vous les avez déjà entendu de nombreuses fois. C'est un phénomène connu en psychologie et dans toutes les techniques de développement de soi, quand les "bonnes" conditions sont réunies, il suffit d'un mot, ou même d'un regard ou un froncement de sourcil pour provoquer une douleur à l'âme ou à l'estime de soi qu'il est ensuite bien difficile d'oublier et de guérir.

Mais, comme je le disais en début de podcast, je voudrais vous suggérer une autre manière de penser, une autre façon de voir les difficultés de l'enfant.

Parce que les qualités que l'on voit à l'école, celles qui sont cultivées, recherchées, notées, sont loin de représenter toutes les qualités d'un être humain.

Et c'est bien normal. L'objectif de l'école n'est pas de "tout apprendre" aux enfants, mais de leur apprendre ce qui est nécessaire pour vivre dans notre société, à savoir lire, écrire, compter, réfléchir par soi-même et aussi ouvrir l'esprit de l'enfant à un certain nombre de sujets comme l'histoire, la géographie, les arts plastiques, la musique sans oublier le sport ni la vie en société.

Mais bien d'autres compétences sont en dehors du champ de l'école. Des aptitudes qui font qu'une personne a un don spécial, un savoir-faire qui lui apporte le plaisir de maîtriser un sujet, le sentiment d'être utile à quelque chose.

Peut-être que cet enfant qui n'arrive pas à lire à voix haute est un excellent jongleur, un acrobate hors pair, super doué pour escalader en toute sécurité dans des conditions incroyables pour tous les autres. 

Ou bien celle qui est toujours distraite, elle a peut-être un don artistique très développé, faisant des dessins percutant, précis, admirables. Comme l'une de mes premières stagiaires qui avait d'énormes difficultés pour faire ses devoirs et qui, devenue adulte, crée des dessins de toute beauté et en a fait son métier-passion.

Ou alors l'enfant qui n'arrive pas à ajouter deux et trois, lorsqu'il est aux commande d'un kart à moteur il double tous les autres. Qu'il voit en une fraction de seconde l'ouverture entre le kart qui le précède et le virage et le prend de vitesse, alors qu'à l'école il lui faut un temps infini pour faire la moindre addition. Un peu lent le gars ? Pas toujours !

Ou encore celui qui passe tous ses cours à gribouiller sur ses cahiers. Peut-être le cours ne l'intéresse pas, ou qu'il ne le comprend pas. Et que pendant ce temps, son esprit invente une énorme structure en 3D qui capte la moindre trace d'humidité du désert pour produire de l'eau là où il ne pleut pas. Ou peut-être ses rêves l'entrainent-ils à construire un bateau pour dépolluer les océans ? Lui qui n'arrive pas à résoudre un problème de maths tellement simple...

Ou encore cette fille qui n'arrive pas à aligner deux phrases de sa récitation. Peut-être est-elle une créatrice née d'histoires, qui font rire, qui émeuvent, qui font réfléchir, mais réciter, ce n'est pas son truc.

Ou elle, qui rate toutes ses expériences de chimie. Peut-être est-elle une danseuse très douée, capable de faire la mise en scène, de régler les lumières, la musique, sa danse et les pas des autres danseurs, à tel point que les spectateurs ressortent émerveillés.

Il y a tant de talents, tant domaines dont notre humanité a besoin et donc chaque individu peut être fier. Tant de manières de s'accomplir, de trouver sa place.

Bien entendu, je ne dis pas qu'il faille négliger les compétences de base telles que celles que l'on apprend à l'école. Ces compétences sont indispensables, et il existe des outils d'aide pour lire, écrire et compter comme la méthode Davis et l'approche "Pourquoi Tyrannosaure mais pas Si ?" que vous trouverez en lien. Mais un enfant devrait également être valorisé pour ses autres compétences.

Que se passerait-il si, lorsque vous voyez un enfant qui peine à lire, à écrire, à faire ses devoirs ou à répondre correctement en classe, si au lieu se focaliser sur ce qu'il ne fait pas bien ou pas du tout, si au lieu de faire de sa difficulté un grand tableau format XXL, si nous mettions les difficultés de l'enfant en perspective avec les forces et les atouts qu'il peut avoir dans d'autres domaines. Est-ce que cela ne changerait pas notre vision de l'enfant, et mieux encore, sa propre vision de lui-même et son estime de soi ? À mon sens, ça vaut le coup d'y penser...

J'espère avoir contribué au moins un tout petit peu à changer la vie de certains enfants. C'est ce qui me motive dans mon travail.

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