La pièce manquante

Mais que manque-t-il pour arriver à lire ? Quelle est la pièce du puzzle qu'il faut chercher ?

C'est la question que se posent beaucoup de parents quand, devant leur enfant qui arrive à imaginer des histoires, ou créer des machines, ou mettre en scène les animaux et personnages en plastique du coffre à jouet, quand leur enfant disais-je n'arrive pas à lire le texte qui a pourtant l'air tellement simple.

Et on en arrive dans certains cas au point où l'enfant peut lire des mots qui semblent bien compliqués, comme "tyrannosaure" mais il ne parvient pas à lire des mots qui apparaissent comme plus simples comme "si", "le", "un" et bien d'autres mots encore.

Mais c'est parce que la notion de simplicité à laquelle nous faisons référence sans en avoir conscience ici est une simplicité fort différente de la simplicité ressentie et expérimentée par l'enfant. En disant que le mot "si" est plus simple que le mot "tyrannosaure", ce que l'on dit implicitement est que "décoder le mot 'si' pour en extraire le son du mot est plus simple que décoder le mot 'tyrannosaure' pour en extraire le son de ce long mot". Et en réduisant la lecture au décodage du mot par phonèmes, le décodage phonologique, on oublie une pièce absolument indispensable du puzzle, une pièce qui est primordiale pour lire effectivement un texte.

Et cette pièce qui nous manque, elle est parfaitement comprise par cet enfant pour qui le mot "tyrannosaure" est plus simple que le mot "si". Alors quelle est cette pièce ? Nous y arrivons. C'est tout simplement l'image que le mot évoque dans l'esprit du lecteur. Et convenez qu'il est plus facile de se faire une image d'un tyrannosaure que de se représenter l'image du "si" ! Et en fait, ce dernier bout de phrase ne veut rien dire...

Quand un enfant découvre la lecture et que l'on lui donne des correspondances entre les mots et les choses, généralement les premiers livres que l'on offre à cet enfant sont des livres d'images. Des livres dans lesquels nous allons voir le mot "girafe" et juste au-dessus du mot une image de girafe.

Et c'est très bien. Cet enfant qui sait lire le mot "tyrannosaure" a très probablement eu un livre dans lequel était écrit ce mot juste en-dessous d'une image de l'animal. Mais lui a-t-on montré une image de "si" ?

Certainement pas. D'abord parce que "si" est un mot abstrait, et que par définition de "abstrait", ce mot n'a pas une image qui saute à l'esprit. Et ensuite parce à part la méthode Davis, je ne connais pas d'autres méthodes qui proposent de créer des images sur les mots abstraits. Et c'est bien dommage, parce que cette pièce du puzzle, l'image associée aux mots abstraits, est justement la pièce qui manquent à beaucoup d'enfants qui développent des difficultés d'apprentissage voire une dyslexie ou une dyscalculie.

Donc, c'est finalement un problème simple à résoudre : faire des images sur les mots qui n'ont pas d'image.

Simple vous dites ?

Pas plus tard qu'hier, une maman qui avait fait la méthode Davis pour son enfant me disait que pour elle, c'était difficile de concevoir l'image à créer pour un mot abstrait. Et quand je lui posais des questions pour comprendre comment elle faisait, sa réponse était qu'à partir d'un mot abstrait comme "si" par exemple, elle cherchait tout de suite à créer une image.

Mais c'est un peu comme si, en arrivant chez soi, on cherche à rentrer tout de suite sans prendre le temps d'ouvrir la porte avec la clé. Ça ne fonctionne pas, tout simplement. J'ai donc conseillé à cette maman de suivre pas à pas le protocole inventé par Ron Davis pour corriger la dyslexie.

Et ce protocole ayant la puissance de la simplicité, je sais qu'elle va réussir facilement. C'est seulement une question d'entraînement. Et que donc son enfant aura accès à la pièce qui manque : l'image pour tous les mots, et pas seulement pour les mots faciles... On a retrouvé la pièce manquante !