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Retour à la base

Prendre conscience que tout apprentissage nécessite certaines bases

Écouter le podcast :

Bonjour et bienvenue dans ce podcast consacré à l'arborescence, à l'ordre des apprentissages. Je l'ai intitulé « Retour à la base », parce qu'il se peut qu'un enfant n'arrive pas à apprendre, à maîtriser une leçon ou un concept, une idée, tout simplement parce qu'il lui manque des bases sur lesquelles s'appuie ce concept ou cette idée en question.

Alors, tout d'abord, nous devons prendre conscience que tous les apprentissages ne sont pas du même niveau. Et quand je parle de « niveau », ce n'est absolument pas une question de hiérarchie et encore moins un jugement de valeur. C'est une simple évidence factuelle, nous devons apprendre certaines choses avant d'apprendre les suivantes.

Beaucoup de spécialistes de l'apprentissage disent que l'on ne peut apprendre quelque chose que parce que l'on en connaît déjà 80%. 80%, ce qui veut dire que dans une leçon, il ne devrait pas y avoir plus de 20% de nouveautés, et que tout le reste, les 80% sont déjà connus et maîtrisés.

C'est évident, nous devons apprendre les choses dans un certain ordre.

C'est une évidence, mais on ne va pas demander à un bébé de courir un 100m. Avant de participer aux jeux olympiques, il faudra que ce bébé apprenne à courir, et avant ça, qu'il apprenne à marcher, et avant ça, qu'il apprenne à tenir debout en équilibre, et encore avant ça qu'il apprenne à se mettre debout. Évident, non ?

J'ai choisi volontairement un exemple qui semble très simpliste, mais je vous assure que je vois régulièrement des enfants qui sont dans un cas similaire, même si beaucoup moins visible parce que les apprentissages de l'enfant sont purement mentaux, donc difficiles à voir, à observer directement.

Cette nécessité d'apprendre les choses dans un certain ordre est tout aussi vrai si l'on regarde l'histoire de l'humanité. Si vous écoutez maintenant de podcast sur votre ordinateur ou votre téléphone portable, c'est que l'humanité a inventé l'informatique, et avant ça, les composants électroniques, et avant ça, découvert l'électricité, et avant ça le travail du fer et du cuivre, et encore avant, la maîtrise du feu. Tout aussi évident, non ?

Alors, s'il a fallu à l'humanité quelques centaines de milliers d'année pour passer de la maîtrise du feu à ce podcast mp3, heureusement que chaque enfant n'a pas besoin de tout ré-inventer. C'est aussi ce qui fait la force de notre société.

Mais si l'enfant n'a pas besoin de tout ré-inventer, il doit néanmoins tout redécouvrir (enfin pas tout, mais une partie suffisante pour ses apprentissages).

Et c'est souvent là que ça coince. Si moi, parent, je maîtrise une notion, une idée, que c'est évident pour moi ne fait certainement pas automatiquement que c'est évident et maîtrisé pour l'enfant.

Et pire, ce n'est pas parce qu'un enfant arrive à utiliser une notion, un concept, qu'il le maîtrise forcément.

Prenons des exemples.

Certains enfants connaissent les chiffres. Ils savent réciter 0, 1, 2, 3... Mais ne savent pas compter, c'est à dire associer un nombre à une quantité.

D'autres enfants arrivent à faire des additions avec des petits nombres, 2+3, 4+2. Mais dès qu'il faut poser l'addition sur une feuille de papier, ils deviennent confus et sont perdus. Parce qu'ils n'ont pas une idée claire, évidente de ce que veut dire un chiffre, un nombre, une addition.

Pour des enfants qui sont en train d'apprendre les tables de multiplication, combien ne savent pas vraiment ce qu'est une multiplication. On tente de leur apprendre cette opération qui se base sur l'addition alors qu'ils n'ont peut-être pas maîtrisé celle-ci.

Si l'on enseigne à un enfant à faire des multiplications ou des divisions alors qu'il n'a pas maîtrisé la base, alors on l'incite à appliquer des règles sans les comprendre, à suivre une recette de cuisine. Mais cela ne répond pas aux questions « qu'est-ce qu'une multiplication ? » « à quoi ça sert ? » ou « comment ça marche ? » ou encore « pourquoi a-t-on eu besoin d'inventer les multiplications ? ».

Alors, je ne répondrais pas à ces questions dans ce podcast, ce n'est pas l'objectif, mais bientôt, une autre semaine, vous aurez mes pistes de réflexion...

En grammaire c'est pareil. Un enfant qui apprend à trouver un verbe dans une phrase en utilisant des astuces techniques ne sait pas vraiment ce qu'est un verbe. Si sa méthode de détection est cette règle que j'ai trouvé sur internet, je cite : « On reconnaît qu'un mot est un verbe quand on peut mettre, devant ce mot, un des pronoms : je, tu , il, nous, vous, ils... » Si il utilise cette astuce, alors oui, il arrivera à trouver le verbe dans la phrase, mais il ne saura pas pour autant ce qu'est un verbe. Il y arrivera comme y arrive un programme d'ordinateur, sans comprendre la phrase. Mais nos ancêtres qui ont participé à créer le français n'ont jamais utilisé cette astuce. Ils avaient besoin de raconter une action, et d'expliquer quelle personne avait fait cette action. Et voilà le verbe créé avec son sujet.

À force d'utiliser des astuces comme celle-ci, et un peu comme un funambule débutant, les enfants se retrouvent en permanence en équilibre instable, prêts à tomber au moindre courant d'air. Ils intègrent au fond d’eux-mêmes qu'apprendre, c'est difficile, douloureux, compliqué, qu'il faut faire des efforts intenses et que l'on n'est jamais sûr du résultat et que l'échec est plus fréquent que la réussite.

Quel gâchis ! Alors que dans bien des cas, il suffit de construire sur un terrain solide.

Pour reprendre cette métaphore de la construction, si vous bâtissez une maison sur un terrain instable, sur des marais ou du sable, ou si vous construisez le deuxième étage avant que le premier ne soit bien solidifié, ce qui risque fort de se passer, c'est que tout s'écroule, ou au moins se déforme.

Pour éviter cet écueil, c'est assez facile, même si cela va vous demander de l'intuition, du flair. Si votre enfant a des difficultés récurrentes pour apprendre une leçon particulière, demandez-vous, et demandez-lui si il connaît toutes les bases de cette leçon, tous les prérequis. S'il connaît les 80% dont je parlais en début de ce podcast.

S'il doit apprendre les fleuves de France, peut-il d'abord vous expliquer ce qu'est un fleuve, qui le distingue d'une rivière ?

S'il veut apprendre la révolution française, assurez-vous qu'il puisse situer cette période entre les dinosaures et la naissance de la petite sœur.

Et comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas forcément facile, cela demande une bonne dose d'intuition pour savoir quelle notion n'est pas totalement maîtrisée et qu'il faudra reprendre.

Et souvenez-vous : apprendre doit rester un jeu...

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