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Lettres et confusions

Confondre des lettres comme "b" et "d" ou bien "p" et "q" est parfois considéré comme un signe de dyslexie. Nous allons voir ici qu'il n'en est rien et que la confusion est un passage quasi normal.

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Vous avez probablement déjà observé un jeune enfant qui confond certaines lettres. L'exemple typique relaté de très nombreuses fois est la confusion du "b" et du "d", ainsi que celles du "p" et du "q". Et lorsque l'on parle de dyslexie, lorsque l'on demande à une personne ce qu'est la dyslexie, il arrive souvent que la réponse soit "ha oui, c'est quand on confond le "b" et le "d" !

C'est à des années-lumière de la réalité. C'est un peu comme si on parle de nourriture en disant "ha oui, il y a les hamburgers et les frites" !

Parce que confondre le "b", le "d", le "p" et le "q" sont certes des signes que l'on peut potentiellement observer chez une personne qui fait de la dyslexie, mais pas toujours et en plus ce ne sont pas des signes vraiment révélateurs d'une quelconque dyslexie. Pourquoi ? Je m'explique.

Si l'on oublie que ces quatre lettres sont justement des lettres, et que l'on regarde non pas les lettres, mais les formes, les dessins qui les composent, alors on constate bien évidemment que la forme est la même, le dessin est le même. D’où vient ce problème ? Et est-ce c'est vraiment un problème à la base ? Quand vous regardez une personne sous son profil droit, que vous reconnaissez cette personne sous ce profil, alors vous reconnaissez également cette même personne sous son autre profil. Si vous reconnaissez un objet, en retournant cet objet ou en le regardant dans un miroir, vous le reconnaitrez tout aussi facilement.

C'est évident, non ? Cette faculté de reconnaître automatiquement une chose, un objet, une personne avec la même facilité selon que l'on regarde d'un côté ou de l'autre est une faculté innée. C'est codé directement dans nos neurones dès avant la naissance. C'est un processus naturel.

Des expériences ont été menées avec des singes en laboratoire. Les chercheurs ont appris aux singes à appuyer sur un bouton pour recevoir une récompense de nourriture. Sur les boutons étaient marqués des dessins. Bien entendu, ce n'étaient pas des dessins représentant la récompense attentue par le singe, mais un dessin très symbolique, une sorte de "mot" dans un langage inventé pour l'occasion. Après une période d'essais et d'erreurs, les singes sujets de l'expérience avaient compris sur quels boutons, c'est à dire sur quel symbole, appuyer pour obtenir leur récompense.

Les chercheurs ont alors inversé les symboles sur les boutons, ils ont retourné les images de sorte qu'elles apparaissaient ensuite à l'envers.

Hé bien les singes n'ont eu besoin d'absolument aucune période d'apprentissage pour savoir à nouveau sur quels boutons il leur fallait appuyer. Ils avaient utilisé simplement leur précédent apprentissage, et probablement sans même s'en rendre compte.

Et nous, les humains, avons cette même capacité d'inverser, de retourner automatiquement les images que nous voyons. Des recherches sur le cerveau montrent que, chez des personnes qui n'ont jamais été en contact avec la lecture, avec les lettres, les deux hémisphères du cerveau reçoivent les images de la même manière et sont à droite comme à gauche aptes à inverser les images si nécessaire. Mais ce n'est plus le cas chez une personne qui a appris à lire. La partie visuelle de son hémisphère gauche, celui qui s'occupe plus particulièrement de la lecture et de la reconnaissance des lettres et des mots est modifié. Apprendre à lire implique de désapprendre une capacité qui est naturelle et ancrée prodondemment dans le cortex visuel de l'hémisphère gauche. Et selon les enfants, ce désapprentissage se produit entre cinq et dix ans.

Et donc, chez un enfant de cinq ou six ans qui est en cours d'apprentissage de la lecture, c'est tout à fait normal d'inverser les lettres et de confondre ces drôles de lettres comme "b" ou "d" qui sont en fait la même forme.

Bien évidemment, lorsqu'un enfant fait la confusion, il faut lui faire remarquer que ce sont deux lettres différentes. Ce n'est pas parce que c'est naturel qu'il faut laisser faire... Mais vous comprenez bien maintenant que ce n'est certainement pas un critère fiable de dyslexie ou pas. C'est juste un moment dans l'évolution normale de l'enfant qui apprend à lire.

Les signes qui sont plus faciles à rattacher à une potentielle dyslexie sont plutôt que ces confusions sont fréquentes et pas seulement sur quelques rares lettres. Si l'enfant a tendance à confondre également des mots, à toujours faire des efforts pour reconnaître des mots qu'il a pourtant vu de nombreuses fois, alors oui, il y a lieu de consulter un facilitateur Davis qui saura vous guider pour éviter que l'enfant ne développe effectivement une dyslexie.

En attendant, montrez simplement à votre enfant les différences et les ressemblances entre les lettres qu'il pourrait confondre. Faites-le s'exprimer sur ce qu'il voit des lettres. Montrez-lui que la lecture, en français, se fait de gauche à droite, ou de là (en montrant la gauche) à là (en montrant la droite). S'il a du mal à s'en souvenir, vous pouvez même dessiner une flèche sur son cahier, mais le besoin est franchement très rare.

Et surtout, profitez des plaisirs de la lecture avec votre enfant...

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