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La peur du changement

Ne plus être dyslexique, parfois la simple évocation de cette possibilité peut bloquer un enfant et l'empêcher de vouloir changer. Qu'en penser ? Et que faire ?

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Ce n'est pas facile d'être dyslexique. C'est une évidence que cette petite phrase là. Et pourtant, il arrive dans certains cas que l'enfant qui souffre d'être dyslexique appréhende la possibilité, l'évocation d'une éventualité de ne plus être dyslexique, de ne plus en souffrir.

Est-ce illogique ? Comment comprendre ce phénomène et le refus de l'enfant de risquer de changer ?

La première réponse naturelle est que le changement est difficile pour beaucoup de personnes. Et ceci en tout premier lieu à cause des habitudes que l'on prend, habitudes qui sont là pour nous simplifier la vie, pour ne pas avoir besoin de se concentrer sur les myriades de petites actions du quotidien. Un exemple très simple : vous changez l'emplacement des couverts dans votre cuisine. Et pendant quelques temps, vous irez chercher les petites cuillères là où elles étaient avant.

Pour des enfants qui font de la dyslexie et qui "n'en souffrent pas assez" (notez que je mets des guillemets...), il est souvent plus simple et moins coûteux en énergie de rester comme il est. Au moins, il sait qu'il aura du mal à lire mais c'est normal.

Mais il y a d'autres enfants qui, eux, souffrent d'avoir du mal à lire, du mal à comprendre les énoncés, du mal à apprendre les leçons et faire les devoirs. Nous pourrions penser que cet enfant, qui sait très bien ce que ça lui coûte aurait envie de changer. Mais il refuse, il préfère rester avec son problème.

Pourquoi ?

Pour certains, la réponse à ce refus sera que l'enfant est persuadé que, si il réussissait à lire plus facilement, à faire ses devoirs tout seul, hé bien il n'aurait plus ce contact avec Maman ou Papa qui, bien forcés, passent beaucoup de temps avec lui ou elle pour l'aider.
Et peut-être que si il se débarrasse de son problème, ses parents vont-ils plus facilement s'occuper des frères et sœurs qui sont également en demande d'attention. Cet enfant ne réalise pas que, en mettant moins de temps à faire ses devoirs, il resterait beaucoup de temps pour faire des choses plus intéressantes comme aller se promener, faire des jeux ou simplement passer du temps plus tranquille en famille.
Il peut parfois suffire de rassurer l'enfant, de lui faire entrevoir un autre partage du temps et des ressources parentales pour que l'enfant accepte de quitter son manteau de dyslexie.

Il arrive que certains enfants aient fait le lien entre leur problème de dyslexie et l'imagination qu'ils ont. Un enfant qui est assez conscient de ses mécanismes de pensée peut arriver à comprendre qu'il est facilement désorienté, facilement distrait, "dans la lune", mais que ces périodes de distraction sont également des périodes de grande créativité. Et cette créativité, il en a besoin, pour s'échapper du monde (et nous en avons tous besoin également), ou bien pour créer et inventer de nouvelles choses, des histoires, des machines. Ou encore simplement pour s'amuser avec son monde intérieur, imaginaire.
Et si l'enfant fait ce lien, il peut effectivement craindre qu'en apprenant à lire plus facilement, il risque fort de ne plus être aussi créatif et risque donc de perdre une partie de lui-même, une partie qui est sans prix.
C'était d'ailleurs une préoccupation de Ron Davis lorsqu'il a créé sa méthode. Il raconte que s'il avait dû abandonner ne serait-ce qu'une fraction de son imagination, il n'aurait jamais continué. Heureusement pour lui et pour toutes les personnes sujettes à la dyslexie, on peut à la fois maîtriser la lecture et conserver son don d'imagination.

Pour d'autres enfants, la question peut se poser en termes de copains. Hé oui, il est bien connu dans le domaine de la psychologie que chacun d'entre nous a envie d'être reconnu pour quelque chose, pour au moins une certaine qualité. Nous sommes une espèce sociale et nous avons besoin du regard des autres pour exister.
Et pour un enfant qui est toujours dévalorisé par ses difficultés en lecture, même quand c'est l'enfant lui-même qui se dévalorise, cet enfant ne peut pas se prévaloir de ses qualités de lecteur pour être reconnu dans le groupe. Certains enfants choisissent alors l'exact opposé, "puisque je ne suis pas bon je vais devenir le plus mauvais". Bien évidemment, ce n'est pas un choix conscient, ni même volontaire, mais l'enfant peut devenir le pitre de la classe, celui qui fait rire, même s'il doit se faire punir pour cela.

Donc ce "pitre", ce "mauvais élève mais si drôle", risquerait de ne plus avoir de copains ou de copines si son niveau de lecture s'améliorait. En tout cas, c'est ce que croit l'enfant, et c'est une raison suffisante pour lui de ne pas changer, de mettre tous les arguments possibles pour ne pas tenter de corriger sa dyslexie.
À cet enfant, il faudra expliquer, lui faire bien comprendre que son problème de lecture n'est pas LUI, ce n'est pas son identité, c'est un problème temporaire dont il faut s'occuper et qui ne l'empêche pas de continuer à faire le pitre si c'est sa manière d'avoir des copains.

Nous avons ici tout une liste de situations dans lesquelles un enfant peut se trouver et qui l'empêche de se risquer à changer, de se risquer à corriger sa dyslexie. Comprenez bien que dans tous les cas, la dyslexie n'est pas une identité. Ce n'est pas une composante d'un individu qui soit gravée dans les cellules, dans le cerveau. C'est une difficulté apprise lors de la découverte de la lecture par un manque de maîtrise de l'imagination qui, étant hyper-activée y compris lors de la lecture, conduit à rendre opaque la barrière entre le monde des mots qui sont dans le livre, et le monde des images qui est le monde dans lequel se passent les histoires.

Alors pour chaque enfant qui rechigne à vouloir se débarrasser de son problème de dyslexie, nous devons trouver la réponse adéquate pour l'aider à se débloquer. Et c'est l'un des rôles des facilitateurs Davis®.

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