Retrouvez le plaisir d'aider votre enfant pour ses devoirs

Est-on dyslexique dès la naissance ?

Beaucoup de personnes pensent et disent que l'on nait dyslexique. Qu'en est-il ?

Écouter le podcast :

Bonjour et bienvenue sur ce cinquième podcast dans lequel je tenterai de répondre à la question « est-on dyslexique dès la naissance ? »

Souvent, lorsque vous recherchez l'origine de la dyslexie, vous allez trouver cette petite phrase : « on naît dyslexique », « on naît » dans le sens « naissance », autrement dit, le bébé, à la naissance, est déjà dyslexique.

Et j'aime bien quand même ce jeu de mots entre « on est » de « je suis dyslexique » et « on naît » de « la naissance » et je reviendrais à la fin de ce podcast sur la confusion que ce jeu de mot peut engendrer y compris sur ses aspects négatifs et nocif.

Cette idée d’être dyslexique dès la naissance est une idée si fortement répandue qu'elle mérite que nous nous y arrêtons afin de se poser de bonnes questions.

Et la première des questions que je pose ici c'est « que veut dire dyslexie ? », « qu'est-ce que la dyslexie ? »

Le mot « dyslexie » a été inventé en 1887 par un ophtalmologue allemand Rudolf Berlin.

Il constate que certaines personne semblent être aveugle aux mots. Ces personnes voient très bien les choses, les objets, mais semblent ne pas voir les mots, chose effectivement très curieuse puisqu'un mot, finalement, c'est un dessin, une forme. Comment peut-on ne pas voir les mots ?

Et donc, il invente le mot « dyslexie » qui vient de deux mots grecs « dys » qui veut dire « difficultés » et « lexis » qui signifie le mot. Autrement dit, la dyslexie c'est la difficulté avec les mots, avec la lecture.

Alors, si l'on revient à l'idée d'origine de ce podcast « nous naissons dyslexique », cela voudrait dire que dès la naissance, lorsque l'on demande à un bébé de lire un texte, il a des difficultés pour reconnaître les mots.

Je ne sais pas vous, mais personnellement, je n'ai jamais vu un bébé nouveau né à qui on essaie d'apprendre à lire. Bon, c'est vrai, l'idée est plutôt amusante, mais allez, restons réaliste, ça ne veut rien dire.

Le bébé doit tout d'abord apprendre son monde extérieur, découvrir que les sons qu'il entend représentent des mots, des idées comme « Papa », « Maman », « gâteau » et ainsi de suite. Puis il apprend à prononcer ces mots et à les prononcer à bon escient, quand le mot est justifié par la présence de Papa ou Maman, ou par l'envie d'avoir un gâteau.

En d'autres termes, il doit d'abord apprendre à associer le son qu'il entend ou qu'il prononce avec l'objet, la personne ou l'idée que représente ce son.

Et peut-être seulement après, il peut commencer à apprendre à lire. Mais jamais avant deux ans, et souvent plutôt quatre, cinq ou six ans.

Alors l'idée que l'on puisse être dyslexique dès la naissance est vraiment étrange.

Et pourtant...

Cette idée n'est pas sans un certain fondement. Et d'ailleurs, si elle est aussi répandue, c'est qu'il y a un fond de vérité dedans, un indice, des indices qui font penser que effectivement, un bébé pourrait être dyslexique dès la naissance.

Hé bien, si vous avez suivi mes précédents podcasts et en particulier le deuxième podcast sur l'origine génétique de la dyslexie, j'ai déjà partiellement répondu à la question.

Souvenez-vous. J'avais évoqué le fait que la dyslexie était le résultat de la non maîtrise par l'enfant de son imagination, de sa faculté de créer des images mentales et de les manipuler à volonté. Et j'avais également proposé que la partie héréditaire, celle qui se transmet par les gènes des parents aux enfants, cette partie était l'imagination, le don, le talent et non pas la dyslexie qui est la réponse du manque de maîtrise de cette imagination.

La réponse ici est complémentaire à ma précédente réponse et, à mon sens, l'explication est fortement reliée à la question de l'origine génétique de la dyslexie, ou plutôt l'origine acquise de la dyslexie.

La dyslexie n'est bien évidemment pas présente chez le bébé à la naissance. Cette idée est absurde. Ne serais-ce que, pour être dyslexique, il faut tenter d'apprendre à lire et ne pas y réussir. C'est d'ailleurs dans la définition de l'OMS qui dit que la dyslexie se développe chez des enfants « normalement scolarisés ».

Par contre, il est tout à fait vraisemblable que le bébé, très proche de sa naissance, possède déjà les capacités d'imagination de ses parents.

Ces mêmes capacités qui lui permettent d'interpréter son monde de manière innovante, de créer de nouvelles images en modifiant ce qu'il peut voir. Et cette capacité, lorsque plus tard il va découvrir les lettres et les mots écrits, le mettra dans une situation extraordinairement complexe et incompréhensible que l'on appellera la dyslexie.

Et ceci tout simplement parce qu'il va naturellement tenter de reconnaître la lettre de la même manière qu'il a appris instinctivement, naturellement à reconnaître les objets : en en faisant une image mentale et en observant cette image de l'objet sous tous ses angles, en le faisant pivoter, retourner sur lui-même.

Mais ce qui fonctionnait très bien jusqu'alors avec les objets, d'un seul coup, avec les lettres, cela ne fonctionne plus. Pour vous convaincre, prenez simplement la lettre minuscule « b ». Puis faites-la tourner sur son axe, elle devient un « d ». Pivotez-la verticalement et vous aurez un « q » puis un « p ». Quatre noms différents, et quatre prononciations différentes, pour un même objet. Avouez que c'est perturbant.

Alors, dyslexique dès la naissance, non. Mais avec les prédispositions héréditaires susceptibles de générer plus tard de la dyslexie : oui, c'est très plausible et probable.

Et c'est dans cette confusion entre la cause et l'effet qu'est née cette affirmation que « l'on naît dyslexique ». Parce que la cause, c'est l'imagination, la capacité de créer facilement des images mentales, et qui est très vraisemblablement héréditaire. Et l'effet, c'est la dyslexie, qui ne peut se révéler qu'après avoir tenté sans succès d'apprendre à lire, vers cinq, six, sept ans ou plus. Ou encore ne jamais se révéler chez certains enfants.

Enfin, je voudrais terminer, comme je l'ai dit dès le début de ce podcast, sur l'aspect nocif que peut avoir cette confusion entre « on naît dyslexique » (de naissance) et « on est dyslexique » (de être).

À chaque fois que l'on fait coller ainsi un mot, une idée à son identité, quand on dit par exemple « je SUIS dyslexique », nous mettons une idée d'immuable, d'inévitable, de fatal dans la problématique.

Or, la dyslexie est un problème temporaire que l'on peut corriger. Vous avez déjà forcément remarqué que « certains jours ça va » et « d'autres jours, c'est la cata ». C'est bien la preuve que la dyslexie n'est pas immuable.

Alors, plutôt que « je suis dyslexique », je préfère dire « je fais de la dyslexie ». Et l'une de mes jeunes stagiaires avait justement comme objectif de stage « je veux désapprendre ma dyslexie ».

Alors, voilà. La dyslexie n'est pas inéluctable et surtout pas dès la naissance, c'est une difficulté acquise lors de l'apprentissage de la lecture, et c'est une difficulté que l'on peut apprendre à maîtriser pour la faire disparaître.

Free Joomla templates by Ltheme