L'intelligence artificielle

Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast où nous allons parler d'un sujet qui défraie l'actualité depuis quelques mois déjà, j'ai nommé l'intelligence artificielle.

Pour celles et ceux qui ne me connaissent pas encore bien, je suis facilitant Davis et présentateur du programme pour les parents d'enfants en difficultés scolaire qui se nomme « Pourquoi Tyrannosaure mais pas Si ? ». Mais je suis également un ancien ingénieur en informatique et toujours très actif dans ce domaine. Aussi, c'est à la fois comme facilitant d'apprentissage et comme ingénieur informaticien que je veux vous parler ici de ce sujet brûlant qu'est l'intelligence artificielle.

Et en tout premier, qu'est-ce que l'intelligence artificielle ? Bien des définitions existent, et je ne citerai que celle du Robert « ensemble des théories et des techniques développant des programmes informatiques complexes capables de simuler certains traits de l'intelligence humaine (raisonnement, apprentissage…). » En résumé, il s'agit donc de logiciels complexes supposés se comporter comme les humains dans nos capacités de réfléchir et d'apprendre. Et ce qui n'est pas dit dans la définition est que, pour apprendre, ces programmes doivent ingurgiter des montagnes d'information. Il faut les nourrir !

L'intelligence artificielle a de nombreux avantages, je ne veux pas les minimiser même si mon propos ici est plutôt dans la mise en garde contre une utilisation inconsidérée de ces techniques. En effet, avec ces outils, et avec les très nombreuses bases de données, les informations, auxquelles ces outils ont accès, nous pouvons très facilement et très rapidement avoir accès à des résultats pertinents et bien ciblés. En tout cas en sachant bien préciser et formuler sa demande. Les logiciels d'intelligence artificielle que nous pouvons actuellement trouver sont conçus pour faire des synthèses de textes, assembler des morceaux d'images, regrouper des morceaux de code informatique, coller des extraits de romans ou articles de journaux afin de créer une synthèse. Mais nous ne devons pas oublier que ce que nous retourne une IA, ce sont des textes, des images de ce qui existe déjà et a été conçu par un être humain à une certaine époque. Notez bien que l'IA n'a pas de pouvoir créatif. Elle ne peut qu'assembler des bouts de documents, mais c'est souvent plutôt bien fait au point de tromper des experts, au moins en première approche.

Bref, l'IA a beaucoup d'avantages et il serait dommage de s'en passer, mais, attention. Comme n'importe quel outil, notre responsabilité dans la manière de l'utiliser est la hauteur de la puissance de l'outil. Il est évident que piloter un 747 ou un Airbus A380 est d'une complexité autrement supérieure à conduire une voiture ou se promener en trottinette. C'est un exemple évident, mais croyez-moi, c'est exactement pareil (enfin ça devrait l'être...) avec des outils aussi puissants que sont les intelligences artificielles. Une grande puissance réclame une grande aptitude et une grande déontologie, car plus grande est la puissance et plus considérables les dégâts qu'elle peut provoquer.

Alors, quels pourraient être les risques encourus en utilisant ces logiciels d'intelligence artificiels ? Que pourrait-il se passer ?

Tout d'abord, et en tant que facilitant en apprentissage, j'ai envie de pointer les problèmes d'apprentissage que ces techniques peuvent engendrer. Une règle absolue dans tout apprentissage est que « pour apprendre, il faut faire soi-même ». Je le répète à chacun de mes stagiaires, je l'ai déjà mentionné dans de précédents podcasts et c'est une règle que tout pédagogue connait et respecte. Mais alors, quel lien avec l'IA ? Est-ce que ça veut dire qu'un élève ne doit pas utiliser l'intelligence artificielle ? Tout dépend de la manière d'utiliser cet outil. Prenons deux scénarios pour expliquer les différences.

Premier scénario. L'enfant, ou l'étudiant, demande au logiciel de lui chercher des informations pertinentes sur le sujet à apprendre. Une fois les réponses récupérées, l'apprenant en fait des analyses, recoupe les diverses informations, tente d'en comprendre la structure, fait une critique des documents que lui a trouvé le logiciel. Et suite à ses travaux personnels, il se fait son avis personnel, est capable d'en faire un résumé, d'expliquer tel ou tel partie du sujet et sait déterminer les points à approfondir... Bref, il a acquis une maîtrise plus ou moins grande du sujet et s'est enrichi d'informations qu'il n'aurait peut-être pas trouvé, ou pas si rapidement, par ses propres moyens. Et c'est super ! C'est une excellente manière de procéder, tout simplement parce que l'apprenant est actif.

Deuxième scénario, l'enfant, ou l'étudiant, demande à son IA préférée de lui rédiger un devoir sur le sujet à rendre la semaine prochaine. Si le demandeur a assez d'expérience pour bien formuler sa demande, le logiciel pourra lui pondre un texte qui soit suffisamment solide et bien construit pour faire illusion. N'oubliez pas que ces logiciels sont conçus pour rechercher puis « coller » ensemble les diverses informations qui proviennent des meilleurs auteurs et spécialistes de chaque domaine du monde entier. Et comme ce sont en fin de compte des spécialistes qui ont écrit le devoir (bien sûr, ce n'est pas l'IA qui crée les textes), le résultat peut être bluffant de qualité et il arrive que les enseignants soient trompés sur l'origine de la connaissance. Et je pense que maintenant, la plupart des enseignants savent que certains de leurs élèves pratiquent ainsi et ne se laisseront plus avoir !

Mais ce fonctionnement, cette manière d'utiliser les logiciels dits « d'intelligence artificielle » présente au moins deux grands dangers sur lesquels je voudrais vous alerter. Tout d'abord à titre individuel pour l'étudiant qui utilise cette technique : il n'apprend pas. Ou au mieux, il apprend à utiliser, à paramétrer le logiciel. Mais en aucun cas cette personne n'apprend le sujet du devoir, de son étude. Quand j'étais plus jeune et encore étudiant, certains élèves recopiaient des synthèses prises dans divers livres. C'est aujourd'hui la même méthode, en plus sophistiqué, mais tout aussi vaine ! En fait, tout dépend de la motivation de l'élève ou de l'étudiant. Si sa motivation principale est de courir après la bonne note, alors la technique est efficace. Mais si il estime que son propre savoir et son expérience personnelle a plus de valeur que le carnet scolaire ou les unités de valeur, alors il devrait faire autrement. C'est une question d'estime de soi, de la valeur que l'on se donne.

Enfin, le deuxième grand danger de ce type de fonctionnement est à mon sens bien plus grave, parce qu'il ne touche pas seulement un individu, mais toute notre société. Si nous faisons une confiance aveugle dans un logiciel, sans le remettre en question, nous risquons des comportement sociaux gravissime tels que notre civilisation en a déjà connu par le passé. D'ailleurs, de nombreux films de science-fiction traitent de ce sujet, quand la machine est maître des humains et commande. N'oubliez pas que derrière tout logiciel (et l'intelligence artificielle est un logiciel), il y a des humains, des programmeurs, des concepteurs qui dirigent et qui nourrissent la machine avec des informations. Et le savoir, la connaissance, l'expérience, la responsabilité, ce n'est pas d'obéir aveuglement à des instructions, de quelque origine quelles soient, mais c'est avoir un esprit critique et utiliser ce que nous avons appris pour trouver de nouvelles solutions innovantes à de nouveaux problèmes. Et pour cela, il faut absolument FAIRE SOI MÊME !

En résumé, les logiciels d'intelligence artificielle sont des outils. Et comme tous les outils, il faut les utiliser avec conscience et dans un but de progression de soi et des autres. Un couteau, ça peut tuer comme ça peut sauver une vie. Une voiture, un briquet, une hache sont des outils qui peuvent être utiles ou nuisibles selon la main qui commande. L'IA est pareil. Un outil. Sachez l'utiliser...