Utiliser la stratégie de Disney (2/2)

La semaine dernière je vous avais présenté comment Walt Disney boostait son imagination au plus haut de ses performances. Aujourd'hui, nous allons voir comment utiliser cette manière de faire pour créer un texte, une rédaction ou un autre écrit pour l'école.

Pour mémoire, Walt Disney pouvait travailler avec trois personnalités différentes. La première, celle avec laquelle tout commence, était ce que Robert Dilts a appelé "le rêveur". C'est celui qui crée, sans limites, en utilisant toute son imagination. Après le rêveur, vient "le réalisateur". La personnalité qui transforme les idées du rêveur en production matérielle. Et en dernier vient "le critique". C'est la personnalité qui prend un peu de recul par rapport au projet et qui surveille que le projet reste faisable et réalisable.

Si vous voulez avoir plus de détails sur la manière que Disney utilisait, je vous conseille d'écouter le podcast précédent (https://www.pourquoityrannosauremaispassi.com/podcast/21).

Alors maintenant, comment appliquer cette même méthode, cette stratégie de Walt Disney pour créer un texte pour l'école ou une rédaction pour le lycée ?

L'idée générale est de se mettre dans la peau successivement de chacune des personnalités que je viens de décrire. Et quand je dis "successivement", cela implique de ne pas mélanger les différents rôles. Et en particulier d'éloigner le critique du rêveur, c'est le travers le plus fréquent. Qui de nous n'a jamais commencé à réfléchir à un texte, ou commencé un dessin, et tout aussitôt, entendu la petite voix dans la tête, le Jiminy Cricket, qui vient nous susurrer "c'est pas assez bien", "c'est idiot", "ce n'est pas le sujet" et bien d'autres phrases destructrices pour l'imaginaire ?

Le rêveur a horreur du critique. Ça lui coupe toute son imagination, ça l'empêche d'être libre, ça lui interdit d'explorer toutes les possibilités. Est-ce que ça veut dire que l'esprit critique est négatif et qu'il faudrait le supprimer ? Certainement pas. Notre critique est là aussi comme garde fou. Il nous protège et nous garde en vie en nous interdisant de faire des choses dangereuses par exemple. Il nous ramène à la réalité, au faisable, au réalisable.

Mais pas pendant la phase créative !

Dans ce qui suit, je vais tout vous raconter à vous parent, il vous faudra bien évidemment transposer ce discours pour guider votre enfant dans ce processus.

Alors allons-y.

Le rêveur

Convoquez en premier le rêveur. Et avec le sujet du texte à produire, que ce soit une histoire, une rédaction ou un devoir de philo, posez-vous la question "qu'est-ce ce que je veux raconter ?"

Écrivez sur une feuille (ou même beaucoup de feuilles) tout ce qui vous passe par la tête tout en relisant régulièrement le sujet. Et rassurez votre esprit critique, il aura l'occasion d'intervenir, mais pas maintenant. Et surtout, laissez-vous libre d'écrire n'importe quoi. Parce qu'une idée en entraîne une autre et de fil en aiguille vous allez trouver beaucoup d'autres idées.

Bien évidemment, une très grosse partie des idées seront à éliminer, mais vous allez certainement trouver des idées auxquelles vous n'auriez jamais pensé en vous limitant à ce qui est "raisonnable".

Le réalisateur

Quand vous êtes satisfaite des feuilles remplies d'idées diverses et variées, il est temps de quitter le costume du rêveur pour endosser celui du réalisateur.

Dans cette posture, reprenez toutes les idées créées par le rêveur et faites le tri. Regroupez les idées qui vont ensemble, il y en aura certainement, mettez de côté les idées qui ne vont pas trop avec le sujet.

Posez-vous les questions :

- "Quelles idées sont nécessaires ?"

- "Quelles idées sont optionnelles ?"

- "Quelles idées sont en dehors du sujet ?"

Commencez à organiser les idées en plan. "Qu'allez-vous raconter en premier ?" "Et ensuite ?" "Et par quoi allez-vous conclure ?"

Pour cette partie, de très nombreuses aides et méthodes existent et la manière de procéder dépend aussi du type de production que votre enfant doit réaliser, une histoire, une rédaction ou autre...

Le critique

Une fois que le réalisateur a mis de l'ordre et créé le plan en groupant les idées dans un ordre logique, c'est (enfin !) au tour du critique d'intervenir.

Pour le critique, il est nécessaire de prendre un peu de recul. Et vous pouvez même prendre au sens propre du recul. En vous levant de la chaise pour regarder de plus loin. C'est une manière de dire au cerveau "je me détache du texte pour le voir d'un œil neuf".

Les questions auxquelles le critique doit répondre sont par exemple :

- "Le lecteur est-il bien guidé dans l'enchaînement des idées ?"

- "Quelle est l'originalité de cette histoire ?"

- "L'histoire ou le texte est-il assez personnel et reflète bien l'originalité de l'auteur ?" (plutôt pour les rédactions ou la philo)

- "Que manque-t-il à ce texte ?"

- "L'introduction et la conclusion sont-elles bien alignées avec le contenu ?"

Bref, oubliez que vous êtes l'auteur du texte et lisez-le avec un œil extérieur. Notez d'ailleurs que les questions sont toutes formulées comme si vous n'étiez pas l'auteur du texte mais un lecteur autre.

En guidant votre enfant dans ces trois étapes clés, vous allez lui permettre de booster, non pas son imagination qui, généralement, est très développée, mais booster l'utilisation pratique et concrète de son imagination pour créer un texte qui soit à la fois intéressant, bien construit, personnel et agréable à lire.

Cette stratégie de Walt Disney demande un peu d'habitude pour devenir efficace. Il faut vous entraîner et entraîner votre enfant à l'utiliser encore et encore, jusqu'à ce que ça devienne un automatisme. Mais ça vaut vraiment le coup.

Notez qu'il est parfois nécessaire de compléter ce premier passage, cette première boucle par une deuxième boucle "rêveur - réalisateur - critique" pour aller plus loin s'il arrive un problème, un blocage pendant la réalisation du texte.

Prenez simplement conscience de bien séparer les trois rôles, de ne pas les mélanger. Car la clé de la stratégie de Walt Disney est dans la séparation des différentes attitudes mentales.

Il restera encore une étape si l'on veut aller au bout de cette histoire, c'est la relecture du texte. Mais ça, c'est pour un autre podcast la semaine prochaine.